Tourisme en Briançonnais.
La Salle un cadran solaire inutile anecdotique ne représentant plus que la richesse d’un mort comme la mine abandonnée le village réaménagé une poubelle les déchets s’entassent l’un après l’autre au fur et à mesure la mesure de cette vie perdue le musée l’église : Dieu parmi les Hommes – à cause des Vols Pendant Plusieurs – Elle a été Fermée aux Visiteurs – Grâce à – et aux Beaux-Arts un Système de protect – tre le Vol a été mis en Place – Aidez-nous – ectionner par Votre Offrande, ou / Sur l’Église les Statues – ou elles Occupaient dans – Une Chapelle – INTERDICTION D’ÉCORCER LE BOIS SOUS PEINE DE POURSUITE PROPRIÉTÉ PRIVÉE Ce meuble porte la date 1644, armes de la France et du Dauphiné, Monogramme du Christ et VIVE MARIE. Porte : réemploi d’une planche à imprimer les papiers et les étoffes. N’AVANCEZ PAS PLUS LOIN (MÊME PAS LE BRAS) VOUS DÉCLENCHERIEZ LE SYSTÈME D’ALARME ANTIVOL Des dizaines de larges cuillères en bois jointes concentriquement à leur sommet formaient les trois roues à aubes d’une scierie abandonnée, l’eau stagne également dans le bâtiment précédent où imperturbable – l’est-il autant qu’il le paraît – un vieux bonhomme (visage de fouine vieillie et édentée) (regards curieux et goguenards) poursuit son travail de taupe – il attend la fin en léchant l’os que lui a jeté Monsieur le Maire – reproduisant les mêmes gestes, pestant sur ceux qui l’empêchent de tourner en rond dans l’atelier foutoir (tas de bois, tas de sciures, tas d’écorces, tas de machines inutilisables) dans l’atelier cimetière humide caveau, reproduction d’une forêt atteinte tout les cinq ans d’une maladie qui est son propre vaccin. Sur les pentes qui coupent les chemins du bûcheron : FATIGUE OUBLIÉE ÉLIXIR des PÈRES CHARTREUX En bas des pentes infestées de remonte-pentes (en fait, seules les pentes sont parasitées par les remonte, nous parlerons donc désormais de remonte, sans préciser, cette précision laissant supposer que cette forme de symbiose pourrait s’étendre aux rivières, aux escaliers et à toute autre chose susceptible d’être descendue). En bas, une filature abandonnée laisse ses bâtiments à une colonie de vacances, métempsychose impossible ici, son âme doit traîner quelque part encore qui empêche les enfants de s’ébattre en hiver. Les choucas. Hôtel, village de vacances, auberge, dortoir, ce qrytonue vous voulez, c’est à côté, à côté ! Un hôtel, un village de vacances, une auberge, un dortoir, ce que vous voulez, qui fait comme si, qui fait semblant, qui joue résidence secondaire, c’est à côté, à côté ! Ici, c’est moi, Les choucas. OFFICE DU TOURISME DE SERRE CHEVALIER ÉCOLE DE CONDUITE sur GLACE et TOUS TERRAINS ESSO PEUGEOT PEUGEOT ESSO ESSO PATINOIRE L’histoire se brouille, s’ensevelit et c’est la neige qui, et ce n’est plus la neige qui, cette histoire-là vivait aussi avec la neige, à vouloir vivre avec la neige elle s’est étouffée, une énorme indigestion et c’est une autre histoire qui commence laissant la première dans l’ombre d’un vitrail, à conter aux enfants qui apportent les restes du gâteau du dimanche à Monsieur le Curé. Une histoire de froid, de misère, de longs mois d’hiver à filer la laine de Provence, une histoire d’été courts, de prières et de cierges allumés pour que le blé et l’orge naissent avant la grêle et l’orage, une histoire où chacun fait son trou dans la montagne, y creusant de larges pelletées de lignite, une histoire de départ chaque semaine pour l’usine, une histoire de retour pour le Jour du Seigneur où chacun des trois mille ouvriers paysans y allait de son péché véniel en cultivant sa terre affaiblie, mourante, une histoire de faillite, une histoire où la mine et l’usine ferment, une histoire où on ne sait plus à la fin qui a fait pousser les hôtels, où un village de vacances se prend pour une maison du village, où la filature réentend la roue à aubes grincer et les métiers claquer. « Jeannette, qu’y a-t-il de changé depuis que vous y êtes ? » La femme de service compte trente-sept couverts. « Oh, vous savez, pas grand-chose… Je n’aimerais pas qu’on soit deux à mettre le couvert, ce serait mal fait, n’est-ce pas, Monsieur ? »
1979, Tourisme et Briançonnais
J’en avais soupé du Service jeunesse d’Arcueil où j’étais censé faire métier d’animateur socio-culturel. J’avais beau faire, le Service culturel se refusait. Qu’avais-je beau fait ? Un première tentative d’improvisation, autour de quelques pages contemporaines, avec Francis Gorgé à la guitare électrique, Frank Cassenti à la basse, Jean-Daniel Dupasquier à la batterie, et Jean-Marie Brière au saxophone, Pour la Manifestation du 18 mai 1979, indique l’affiche réalisée par Gil J Wolman. Avant cela, en 1978 je suppose, j’avais produit une adaptation de la Chasse au Snark de Lewis Carroll, musique de scène de Gorgé, avec Christian Momet à la mise en scène et dans le rôle du Boucher, Alain Chen dans le rôle de l’Homme à la cloche – « ce que je dis trois fois est vrai », un troisième comédien dans le rôle de l’Avocat, et moi-même dans le rôle du Boulanger. Je trouvai une formation professionnelle pour échapper aux rigueurs socio-culturelles. J’étais censé me former au tourisme social. Au cours de l’hiver qui suivit, on nous envoya goûter au tourisme social en domaine skiable, à La Salle les Alpes. Je refusai avec deux autres stagiaires de participer aux ébats sportifs. Au cours de nos dérives, nous croisâmes les coopérateurs Longo maï de la filature qui venait de renaître. J’aurai l’occasion de reparler de Longo maï vingt ans plus tard en Équateur. J’y croisai, au pied du Pichincha, un volcanologue qui avait séjourné à plusieurs reprises à la Grange neuve de Limans. Curieux tissage.

De gauche à droite : Bernard Cortas, trompette - Bernard Vitet, trompette - Yves Robert, trombone – Pierre Sauvageot, sax-horn - Luc le Masne, sax basse, jouent la musique de Francis Gorgé, pour une Chasse au Snark à la Mairie d’Arcueil.
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