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Thomas Bernhard encore et toujours

quelques notes sans actualité
26 février 2014, par Dominique

Bruno Ganz dans Der Ignorant und der Wahnsinnige en 1972

Mon actualité y est pour quelque chose. Je suis à un ouvrage particulièrement éprouvant, et les difficultés qui s’amoncellent, le pénible ralentissement qui s’impose, m’effraient : le peu de savoir que j’ai accumulé depuis des années de lecture s’effrite devant l’objet de mes études ; maladive procrastination de la main gauche et, main droite, inhibition débilitante, je découvre avec stupéfaction que j’ai vieilli et qu’aucun printemps ne s’annonce. D’où que je me sois mis à relire de bon matin Thomas Bernhard. Et je suis tombé sur une invitation que j’ai dû envoyer en son temps, qui marquait l’une des pages de Béton. La voici :

Dominique Meens lit Thomas Bernhard

Thomas Bernhard

Comment éviter de lui chier sur la tête ?

Et sur la nôtre autant que possible pendant que nous y sommes ?

Le 15 juin 2000 à 19 heures chez Libralire, 116 rue Saint-Maur, Paris 11ème arrondissement, métro Goncourt et Saint-Maur, on lira les incipit des livres de Thomas Bernhard à l’occasion de la sortie d’un bouquin sur sa réception en France. Vous appréciez le caractère exceptionnel et aventureux de cette initiative. Vous êtes inattendus, les absents seront définitivement raisonnables.

Je note que j’ai commencé à lire Thomas Bernhard avant 1982, date située d’une conversation avec Claude Ollier qui me disait l’avoir découvert à ce moment-là, cela m’avait d’ailleurs un peu étonné. Cependant, je ne devais pas m’y être mis bien longtemps avant, car le journalisse culturel talaramasse n’a déclenché son opération promotionnelle qu’en 1980. Quatre livres de Thomas Bernhard avait été publiés précédemment chez Gallimard : Gel en 1967 ; Perturbation en 1971 ; La Plâtrière en 1974 ; Corrections en 1978.

Ce fut sans doute la publication de Oui en 1980 qui lança l’opération culturelle, clôturée avec les Ténèbres publiées par Nadeau en 1986. Thomas Bernhard meurt le 12 février 1989. On trouvera ensuite aux quatrièmes de couverture d’un bon nombre de bouquins l’exploitation de son influence et par le journalisse et par les « jeunes » auteurs eux-mêmes : tarte à la crème critique, il suffira que l’auteur se répète un tant soit peu dans une toute relative critique de son temps.

L’entreprise de destruction prévisible et prévue par Thomas Bernhard lui-même à longueur de pages est en cours depuis le début de son succès (faut-il en écrire… des conneries de ce genre ?!) en France. Daniel Emilfork sur France-Culture (1975) était au niveau de Bruno Ganz à Salzbourg (1972), tout le reste, insupportables clowneries.

Le plus amusant, au cours de mes relectures matinales, est évidemment de jouir de l’effet de vérité du discours de Thomas Bernhard. Pas une de ses phrases qui n’ait l’éclat d’une lame, et maniée par le plus chinois des bouchers.

vater ! nichts

cette image est extraite d’un film
sur les apparitions télévisées de Th. B. de 67 à 88


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