La route du faire coupée (extrait de "Paysage Départ" )
Pourquoi la nuit ? (extrait de "Machiavel")
Bernard Vitet mon ami et complice musical nous a quitté et c’est avec beaucoup de tristesse que j’ai appris son décès.
Bernard Vitet était trompettiste et compositeur mais aussi luthier et multi instrumentiste.
En plus de ses talents musicaux Bernard était un esprit remarquable, cultivé et retord, avec qui nous avions Jean Jacques Birgé et moi des discussions où l’expression "élevons le débat" était la norme.
Je partageais aussi avec lui l’amour des animaux.
Bernard aimait citer Guillaume d’Orange, dit le Taciturne :
"Point n’est besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer."
? Rest In Peace.

Voici Bernard en compagnie (entre autres) de Pierre Sauvageot et de Luc Lemasne lors d’une représentation, qui ne date pas d’hier, de "La chasse au Snark" à Arcueil.

Je vous invite aussi à lire l’article que lui consacre Jean-Jacques Birgé ainsi que celui de Francis Marmande sur Le Monde.
En souvenir de Bernard Vitet, une pièce de circonstance qu’il m’a fait découvrir, écrite par Henri Duparc sur un des plus beaux poèmes de Charles Baudelaire.
L’invitation au voyage
Mon enfant, ma soeur,
Songe à la douceur
D’aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.
Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l’humeur est vagabonde ;
C’est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu’ils viennent du bout du monde.
Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D’hyacinthe et d’or ;
Le monde s’endort
Dans une chaude lumière.
Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
F.G.
Vitet
(éclairs)
Il m’emmène à sa campagne, un jardin en banlieue, avec une tortue, une vraie tortue sauvage, une tortue de terre, enfin une tortue je n’en reviens pas, plus tard il me ramène à Montreuil je crois, je suis cuit, nous avons bu la bouteille de genièvre que j’avais rapportée de Houlle.
Des mois à construire l’orgue à feu, un instrument dont il avait entendu parler, j’étais allé à l’académie des sciences, des heures à fouiller les archives, les flammes brûlaient.
Je partais d’Asnières à mobylette, j’arrivais dans le 14ème, je prenais mon cours de trompette, en fait, nous parlions d’Héraclite ou de Tchouang-tseu en fumant un pétard. Je reprenais ma mobylette et j’allais bosser à Arcueil.
Il jouait au Dunois, j’avais écrit quelque chose sur le bernard l’hermite, et je distribuais ce feuillet aux spectateurs.
Un mot, un rire, un trait de trompette, une suite d’accords au piano, une absence soudaine sur scène, une nouvelle paire de lunettes gigantesque, une citation de Verlaine, et peu à peu cet autre là qui à me montrer qu’on pouvait se disposer autrement me poussait gentiment du coude, hors du rang.
D.M.
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